Béliveau éditeur
Paru en 2011
174 pages
Quatrième de couverture :
L'intimidation à l'école, c'est l'affaire de tous!
Pour élèves, enseignants et parents. Enfin un guide complet rempli de témoignages, de conseils, de signes avant-coureurs et, surtout, de pistes de solutions qui permettent souvent d'éviter des traumatismes que l'élève pourrait traîner toute sa vie.
Pour l'élève: Tu trouveras des solutions et tu apprendras à te sortir de situations où tu te sens menacé et démoli. Tu seras également en mesure de désamorcer la méchanceté autour de toi.
Pour l'enseignant: Vous devez intervenir rapidement, soit en utilisant les ressources disponibles à l'école ou à l'extérieur de l'école, soit en travaillant en étroite collaboration avec les parents.
Pour le parent: Quelques conseils afin de vous aider à détecter que votre enfant a de sérieux problèmes à l'école. Quels sont les signes avant-coureurs? Quoi faire pour établir une communication empathique et non un jugement afin de l'aider?
Il faut que l'agression psychologique cesse... élèves, enseignants et parents, vous ferez une différence, à vous d'agir !
Mon commentaire :
C'est un petit bijou que ce livre qui parle de l'intimidation à l'école. On y aborde l'intimidation et le « bitchage » de manière franche, sans détours, et surtout sans minimiser le problème. En effet, combien de gens ont été si bien « écoeurés » pendant leur enfance et leur adolescence qu'ils ont perdu toute confiance et toute estime d'eux-mêmes ? Combien de personnes ont-elles été de ces personnes qui font de l'intimidation sans franchement penser aux conséquences de leurs actes et de leurs paroles ? Et surtout, combien de personnes n'ont-elles pas été témoin au moins une fois dans leur vie d'intimidation sans dire un mot ? L'auteure le dit franchement : l'intimidation détruit des vies. Il faut s'insurger contre de telles pratiques, même si on a parfois tendance à croire que ce n'est pas grave et que cela va passer avec l'âge.
C'est donc le message principal que lance madame Saint-Laurent dans son livre « Bitcher » et intimider à l'école c'est assez. Malheureusement, je crains que, comme souvent lorsqu'il est question de conscientiser la population, le message n'ira pas nécessairement toucher les personnes concernées, soit les agresseurs, et j'entends ici ceux qui éprouvent du plaisir à descendre les autres pour se remonter eux-mêmes, et ceux qui encouragent les autres à intimider, à « bitcher » ou à taxer certains enfants et adolescents.
J'apporte cette précision car, à mon avis, nous avons tous été à un moment donné une victime, un agresseur et un témoin. Je l'avoue, j'ai été dans ces trois situations. J'ai été victime d'intimidation au début de mon adolescence, mais j'ai encore plus été souvent un témoin, un témoin touché, peiné, mais passif. Bien sûr, dans une telle situation, on ne tient pas à ce que la situation se revire contre nous. Mais Marthe Saint-Laurent nous incite à agir, et elle nous donne plein de pistes de solutions pour le faire. J'ai aussi été, à ma plus grande honte, celle qui intimide. Je me souviens d'une petite fille au début de l'adolescence qui était toute timide et que tout le monde à l'école intimidait. En cours de sciences physique, j'ai été placée avec elle pour les laboratoires et je me rappelle avoir été méchante avec elle. Je le regrette beaucoup aujourd'hui. Je réalise maintenant que c'était une manière de me défendre, de ne pas être moi-même encore plus victime d'intimidation. Vous voyez ? Tout en étant victime j'ai intimidé. N'est-ce-pas horrible ? Et mon cas n'est pas unique. Madame Saint-Laurent mentionne d'ailleurs une étude qui prouve que n'importe qui peut devenir un agresseur ou une victime d'intimidation. Il n'y a pas de profil type, seules les circonstances font en sorte que nous devenons l'un ou l'autre.
Bon, je sens que mon discours devient décousu et que je commence à m'éloigner du livre lui-même, donc j'en reviens au contenu du livre. Ce dernier est séparé en trois parties. La première s'adresse aux élèves (à la fois à ceux qui intimident et à ceux qui sont intimidés), la deuxième s'adresse aux enseignants et la troisième, aux parents.
La partie s'adressant à l'élève fait plus de la moitié du livre et est aussi la partie la plus intéressante et la plus complète à mon avis. Elle est parsemée de nombreux témoignages dont certains m'ont mis les larmes aux yeux. L'auteure a aussi pris de parti de s'adresser à l'élève directement, en écrivant à la deuxième personne du singulier, ce que j'ai trouvé génial. Elle donne plein d'outils aux élèves pour qu'ils s'en sortent et pour rebâtir leur confiance en soi. Elle explique les différents types d'intimidation (« bitchage », taxage, cyberintimidation, etc.) ainsi que les différents types d'agresseurs et de victimes. À plusieurs reprises en lisant cette partie je me suis dit que si j'en ai l'occasion, je réutiliserai les témoignages dans mon enseignement pour sensibiliser les jeunes. Je pense qu'aucun jeune ne pourra rester indifférent. Le seul bémol que j'émettrais à propos de cette partie, c'est qu'elle manque d'attrait visuel. Les jeunes sont attirés par les livres colorés et imagés, c'est connu. Je pense qu'avec un visuel plus intéressant, moins banal, les chances que le livre tombe entre les mains des élèves concernés se serait accrues.
Les deux autres parties sont beaucoup plus courtes, et malheureusement trop peu élaborées à mon avis. Je suis un peu déçue car je m'attendais à avoir des outils aussi concrets que ceux que reçoit l'élève, ce qui n'a pas été le cas. C'est la raison pour laquelle j'ai mis quatre étoiles sur cinq au livre sur Babelio. Parce qu'autrement, ce livre est une perle que l'on se doit de faire découvrir à nos enfants, mais aussi aux enseignants et aux parents afin qu'ils soient sensibilisés au fait que oui, l'intimidation, c'est grave !
En terminant, voici une petite pensée extraite d'un témoignage du livre :
« L'estime de soi, c'est comme un château de cartes, très difficile à monter et si facile à détruire. La deuxième fois qu'on le rebâtit, c'est toujours plus long que la première. »
J'ai critiqué ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique Québec.
Merci mille fois à Babelio et à Béliveau éditeur !
10e contribution
5 commentaires:
Grâce à toi, j'ai appris un nouveau mot "bitcher". Jamais entendu. Si cela te dit, il y a un policier qui parle de ce sujet "La maison en pain d'épices" de Carine Gerhardsen et aussi "Indésirables" de Christyne Brouillet mais tu connais sûrement.
@Argali : Oui, «bitcher» désigne surtout les filles qui se parlent dans le dos et qui se disent des méchancetés. C'est un terme un peu plus spécifique qu'intimider. C'est très québécois comme expression, je pense.
Merci pour les suggestions ! Je connais effectivement Indésirables, mais je ne l'ai pas encore lu.
Très intéressant comme livre. Dommage que nous vivons dans une société si aveugle qui banalise tout, et absolument tout...
- Signée Une ancienne victime
@ Mascha : Je suis bien d'accord, et c'est pourquoi je trouve qu'il est très important que des personnes comme madame Saint-Laurent fasse connaître le problème. Plusieurs agresseurs ne se rendent même pas compte du tort qu'ils causent à leurs victimes. C'est aberrant !
@ Mascha : Je suis bien d'accord, et c'est pourquoi je trouve qu'il est très important que des personnes comme madame Saint-Laurent fasse connaître le problème. Plusieurs agresseurs ne se rendent même pas compte du tort qu'ils causent à leurs victimes. C'est aberrant !
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