vendredi 12 mars 2010

Chagrin d'école

« Donc, j’étais un mauvais élève. Chaque soir de mon enfance, je rentrais à la maison poursuivi par l’école. Mes carnets disaient la réprobation de mes maîtres. Quand je n’étais pas le dernier de ma classe, c’est que j’en étais l’avant-dernier. (Champagne !) Fermé à l’arithmétique d’abord, aux mathématiques ensuite, profondément dysorthographique, rétif à la mémorisation des dates et à la localisation des lieux géographiques, inapte à l’apprentissage des langues étrangères, réputé paresseux (leçons non apprises, travail non fait), je rapportais à la maison des résultats pitoyables que ne rachetaient ni la musique, ni le sport, ni d’ailleurs aucune activité parascolaire. » Dans la lignée de Comme un roman, Chagrin d’école est donc un livre qui concerne l’école. Non pas l’école qui change dans la société qui change, mais, «au cœur de cet incessant bouleversement, sur ce qui ne change pas, justement, sur une permanence dont je n’entends jamais parler : la douleur partagée du cancre, des parents et des professeurs, l’interaction de ces chagrins d’école». Daniel Pennac entremêle ainsi souvenirs autobiographiques et réflexions sur la pédagogie et les dysfonctionnements de l’institution scolaire, sur la douleur d’être cancre et la soif d’apprendre, sur le sentiment d’exclusion et l’amour de l’enseignement. Entre humour et tendresse, analyse critique et formules allant droit au but, il offre ici une brillante et savoureuse leçon d’intelligence. Ce Chagrin d’école s’impose déjà comme un livre indispensable.
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Mon premier Pennac. J'ai bien aimé, même s'il est loin de m'avoir procuré tout ce que j'attendais de lui. L'institution ainsi que l'argot français sont omniprésents et n'y connaissant pas grand chose, je me sentais parfois un peu trop perdue pour apprécier pleinement les écrits de Pennac.
Malgré tout, ce livre est truffé de pensées pleines de bon sens, de citations inspirantes et l'amour de l'enseignement y est bel et bien visible. Ma motivation à enseigner aux jeunes en difficulté s'en trouve décuplée !
J'ai tellement entendu parler de Daniel Pennac que je m'attendais presque à être transportée, exaltée. J'ai bien été déçue de ce côté-là, mais je me rassure en me disant que la plupart des admirateurs de cet auteur ont trouvé que Chagrin d'école est le moins bon livre de l'auteur. Je lui accorderai donc une deuxième chance sans aucune hésitation !


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Quelques extraits:

« Nos « mauvais élèves » (élèves réputés sans devenir) ne viennent jamais seuls à l'école. C'est un oignon qui entre dans la classe: quelques couches de chagrin, de peur, d'inquiétude, de rancoeur, de colère, d'envies inassouvies, de renoncement furieux, accumulées sur fond de passé honteux de présent menaçant, de futur condamné. Regardez, les voilà qui arrivent, leur corps en devenir et leur famille dans leur sac à dos. Le cours ne peut vraiment commencer qu'une fois le fardeau posé à terre et l'oignon épluché. »
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« Seulement, pour que la connaissance ait une chance de s'incarner dans le présent d'un cours, il faut cesser d'y brandir le passé comme une honte et l'avenir comme un châtiment.»
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Quand il m'arrive de rencontrer un ancien élève qui se déclare heureux des heures passées dans ma classe, je me dis qu'au même instant, sur un autre trottoir, se promène peut-être celui pour qui j'étais l'éteignoir de service.


Mon passage favori:

« Chaque élève joue de son instrument, ce n'est pas la peine d'aller contre. Le délicat, c'est de bien connaître nos musiciens et de trouver l'harmonie. Une bonne classe, ce n'est pas un régiment qui marche au pas, c'est un orchestre qui travaille la même symphonie. Et si vous avez hérité du petit triangle qui ne sait faire que ting ting, ou de la guimbarde qui ne fait que bloïng, bloïng, le tout est qu'ils le fassent au bon moment, le mieux possible, qu'ils deviennent un excellent triangle, une irréprochable guimbarde, et qu'ils soient fiers de la qualité que leur contribution confère à l'ensemble. Comme le goût de l'harmonie les fait tous progresser, le petit triangle finira lui aussi par connaître la musique, peut-être pas aussi brillament que le premier violon, mais il connaîtra la même musique. »
D'autres extraits sur Babelio.

2 commentaires:

Mme Yahi a dit…

moi aussi Chagrin d'école est mon premier de Pennac
j'ai vraiment adoré étant enseignante il m'a ouvert les yeux sur beaucoup de choses

Isa a dit…

Il faut croire que j'en attendais trop de ce livre, parce qu'il m'a un peu déçu... Mais si j'en avais pas autant entendu parler avant de le lire, je l'aurais probablement adoré !