Éditions du Seuil, 2011
Titre original : The Last Night in Twisted River
562 pages
Résumé de l'éditeur :
Au nord du Nord, au pays des bûcherons et des flotteurs de bois -les draveurs -, il était une fois un petit cuisinier boiteux et son fils de douze ans, gamin impressionnable à l’imagination peuplée d’ours indiscrets. Ils avaient pour garde du corps Ketchum, l’ogre anarchiste, ivrogne, rusé, noiseur, faux illettré à l’intelligence incisive.
À l’image de la Twisted River torrentielle, ce récit d’une vengeance impitoyable bourlingue son lecteur d’ethnies en états sur trois générations, rencontre explosive entre l’Orient et l’Occident, comédie de mœurs culinaires, tragédie des portes mal fermées entre la splendeur d’une nature meurtrière et la quiétude imprudente du foyer.
Un chien héroïque, une Mustang bleue fantôme, une ange atterrie dans la fange : le chef Irving nous réserve toutes les surprises de son art consommé dans un roman qui se dévore et se déguste jusqu’à la dernière page. Bombe glacée pour tout le monde au dessert !
Mon résumé :
Dominic Baciagalupo et son fils Danny vivent à Twisted River dans un camp de bûcherons du fin fond du New Hampshire où ils tiennent la cantine du camp. Une cantine de rêve pour ces bûcherons affamés habitués à la soupe aux pois et aux haricots ! Le Cuistot a en effet des origines italiennes et leur concocte des petits plats plus délicieux les uns que les autres.
Le quotidien du cuisinier et de son fils de douze ans prendra des allures de cauchemar lorsque le petit Danny prendra Jane l'Indienne, l'amante de son père pour un ours et l'attaquera avec une poêle en fonte, causant ainsi sa mort. Cet incident malheureux forcera père et fils à s'enfuir de Twisted River, puisque Carl, l'homme avec qui Jane vivait, est un homme dangereux et violent. Pour avoir causé la mort de sa conjointe, il voudra sans aucun doute se venger.
C'est ainsi que commence une cavale qui durera plusieurs dizaines d'années et qui entraînera trois générations de la famille Baciagalupo à déménager d'État en État et même au Canada, pour fuir la rage incontrôlée de Carl, l'ex-policier du comté de Coos au New-Hampshire.
Les hommes feront de multiples rencontres sur leur chemin. Beaucoup de femmes avec qui ils entretiendront des relations passagères, mais aussi quelques hommes, dont un seul est présent du début à la fin de l'histoire : Ketchum. Ketchum, ce personnage haut en couleurs aux opinions drastiques et aux expressions sans pareilles (« Immaculée constipation ! » « Bon Dieu de bouse de bison ! » « Il faut vraiment que tu n'aies pas plus de cervelle qu'un pet de lapin des neiges, Danny. » ) prend sur lui de protéger le Cuistot, Danny et son fils Joe, entre autres en surveillant Carl le Cow Boy et en accourant lorsque le danger guette les Baciagalupo. Cet homme sans manières mais au grand coeur ne se donne malheureusement pas droit à l'erreur, ce qui le mènera malheureusement à sa perte. À vous de découvrir comment et pourquoi !
Mon commentaire :
Voici un roman que je ne m'attendais pas à lire si tôt. J'ai dû l'acheter en catastrophe à l'aéroport de Bruxelles lorsque mon Kindle a rendu l'âme à mon retour du Togo. J'étais plus que fâchée de devoir abandonner le Comte de Monte Cristo en cours de route, mais tellement contente de retrouver un John Irving à l'aéroport ! Je l'ai immédiatement commencé, luttant contre la fatigue du voyage. Où donc pouvait donc mener un roman qui parle de bûcherons ? J'étais vraiment intriguée. Je n'ai pas vraiment d'intérêt pour la drave et la coupe du bois, je dois dire, mais quoi de mieux pour me replonger dans l'ambiance du Québec ? me suis-je demandée. En effet, c'était un très bon sujet mais qui s'est rapidement transformé, pour mon plus grand bonheur, en une cavale trépidante, parfois humoristique et souvent dramatique, à travers l'Amérique du Nord.
J'ai rapidement retrouvé l'écriture si caractéristique de John Irving que j'ai récemment découverte avec l'Hôtel New Hampshire. Ses personnages colorés, délurés, déjantés mais aussi toutes ses histoires anecdotiques à peine croyables, mais auxquelles on veut bien croire le temps d'une histoire. Une grosse Indienne confondue avec un ours ? Pourquoi pas ? Une géante qui tombe du ciel en parachute nue comme un ver ? Cela n'a rien d'incroyable ! Un méchant Cow Boy qui part aux trousses de deux hommes sans relâche jusqu'à ce qu'il ait plus de 80 ans ? Ben oui, c'est possible ! Il n'y a bien qu'Irving pour nous faire croire que de telles choses sont normales !
J'ai aussi beaucoup aimé la construction de ce roman, qui passe constamment du présent au passé. À chaque chapitre, on saute quelques années, parfois plusieurs. Puis, par le biais des pensées des personnages, on découvre ce qui s'est produit au cours de ces années, les malheurs et les bons moments. J'ai trouvé que cette façon d'écrire l'histoire donnait du rythme en même temps qu'il le dosait pour nous donner envie de poursuivre encore un peu plus notre lecture.
Vous vous en doutez bien, j'ai adoré ce roman, que j'ai pourtant lu sur une période de plus de deux semaines. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. Il me semble pourtant que j'avais toujours le nez dedans, attendant de découvrir quelle prochaine surprise m'attendait... Sans doute que si ça m'a pris deux semaines à le lire, c'est qu'il était assez gros pour être lu sur une période de deux semaines ! Parce qu'en toute honnêteté, je ne vois pas pourquoi sinon j'aurais mis tant de temps à lire un livre que j'ai autant aimé !
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