samedi 5 septembre 2009

Biographie de la faim


«La faim, c'est moi».
*****

Voilà le résumé complet de ce roman autobiographique d'Amélie Nothomb ! Même si, d'une certaine façon, cela résume très bien le livre, ce n'est pas assez pour vous donner une idée de ce dont ça parle.
«Biographie de la faim», c'est en fait le récit de l'enfance et de l'adolescence d'Amélie Nothomb. Fille d'un diplomate, elle a été ballotée d'un pays à l'autre durant toute son enfance. Japon, Chine, États-Unis, Bangladesh... Elle a connu des mondes bien différents. Elle en a aimé certains, et détesté d'autres.
Mais «Biographie de la faim», c'est surtout le récit de la faim de Nothomb. La faim de sucre, la faim d'alcool, la faim d'amour, la faim d'eau et la faim de bien d'autres choses. Des faims insatiables qui la conduiront à certaines extrémités.
*****
Même si «Mercure» demeure de loin mon Nothomb favori, j'ai adoré «Biographie de la faim». Disions que c'est mon deuxième préféré. J'ai beaucoup aimé le récit de vie de cette petite fille au corps déformé et au «cerveau surdéveloppé», transportée d'un pays à l'autre tous les trois ans ou presque.
Comme toujours avec cette auteure, les excentricités ne manquent pas et le vocabulaire est très imagé. Elle ne manque jamais de me tirer quelques sourires. Cette fois-ci, j'ai particulièrement aimé la passage où elle parle de son ventre qui faisait des «glouglous niagaresques» après une crise de potomanie !
Bref, ce livre est tout à fait à l'image de son auteure: intelligent, original et excentrique !
*****
Voici le premier passage du livre :
«Il est un archipel océanien qui s'appelle Vanuatu, anciennement Nouvelles-Hébrides, et qui n'a jamais connu la faim. Au large de la Nouvelle-Calédonie et des îles Fidji, le Vanuatu a bénéficié pendant des millénaires de deux atouts dont chacun est rare et dont l'alliance est rarissime : l'abondance et l'isolement. Cette dernière vertu, s'agissant d'un archipel, est un peu de l'ordre du pléonasme, certes. Mais on a vu des îles très fréquentées, alors qu'on a jamais vu d'îles aussi peu visitées que les Nouvelles-Hébrides.»
Et voici un autre extrait:
«J'insiste sur "à ce point": je ne défends pas absolument la satiété. Il est bon que l'âme conserve une part de son désir. Mais entre rassasier et se payer carrément ma tête, il y avait de la marge.
Les cas les plus flagrants étaient les contes de fées. Un fabuleux créateur d'histoires tirait du néant des commencements formidables: là où il n'y avait rien, il installait des mécaniques sublimes, des astuces narratives qui mettaient l'eau à la bouche de l'esprit. Il y avait des bottes de sept lieues, des citrouilles transformistes, des animaux pourvus d'une belle voix et d'un vocabulaire étendu, des robes couleur de lune, des crapauds qui se prétendaient princes. Et tout cela pour quoi ? Pour découvrir que le crapaud était réellement un prince et qu'il fallait donc l'épouser et avoir de lui beaucoup d'enfants.
De qui se moquait-on ?
C'était un complot dont le but secret devait être la frustration. «On» (qui ? je ne l'ai jamais su) cherchait à tromper ma faim. C'était scandaleux. Hélas, à mon indignation devait très vite succéder la honte, quand je constatai que les autres enfants se satisfaisaient de cette situation-pire, ne voyaient même pas où était le problème.»
*****
Aussi lu de Amélie Nothomb

Aucun commentaire: