Éditions : M éditeur, 2016
259 pages
Quatrième de couverture :
Les textes réunis dans cet ouvrage ont pour objet, dans un premier temps, de discuter la place - hélas! trop restreinte - de la philosophie de l'éducation dans les départements de sciences de l'éducation et de la formation des maîtres, ainsi que des transformations actuelles de l'Université. Ils développent une perspective normative pour la gratuité de l'enseignement universitaire, militent pour l'apprentissage de la pensée critique et soulignent les raisons pour lesquelles celle-ci, si éminemment souhaitable, est si difficile à faire acquérir.
La deuxième partie réunit trois portraits de penseurs critiques, de sceptiques éminents : Albert Einstein, le physicien et philosophe, Martin Gardner, qui a joué un rôle de tout premier plan dans le développement du mouvement sceptique contemporain et dont on peut soutenir qu'il en a conçu les grandes orientations, enfin, Condorcet, abordé ici à travers sa réaction au si populaire mesmérisme - du médecin charlatan Mesmer, qui prétendait que tous les êtres vivants étaient soumis à un fluide magnétique - en vogue à son époque.
La troisième et dernière partie de ce livre s'efforce de diffuser des résultats de recherche pouvant inspirer et guider les gens, en particulier les enseignantes, dans leurs décisions, de corriger les fausses croyances si répandues dans le domaine des légendes pédagogiques et tente de les convaincre de la pertinence et de l'importance de la philosophie de l'éducation.
Pendant plus d'un quart de siècle, l'essayiste et philosophe de l'éducation, Normand Baillargeon, a été professeur en sciences de l'éducation à l'UQAM. Dans ce livre, il défend, entre autres, les convictions suivantes : 1° la recherche solide et pertinente doit sérieusement être examinée ; 2° la formation des maîtres est l'une des clés de toute réussite en éducation. La nôtre est souvent pathétique ; 3° toute réforme à grande échelle devrait non seulement être fondée sur des données probantes, mais aussi être testée à petite échelle avant d'être implantée.
Le philosophe porte cette espérance : former des enseignantes hautement cultivées, au fait de la recherche scientifique et possédant une solide formation disciplinaire acquise à l'Université dans les domaines pertinents.
Mon commentaire :
Il m'est bien difficile de communiquer avec vous mon impression suite à la lecture de ce recueil de propos sur l'éducation du philosophe Normand Baillargeon. Autant il m'a semblé ennuyeux et difficile à suivre par moments, autant il m'a passionnée à d'autres moments.
Ce qui ressort, à chaud suite à ma lecture du livre, c'est le manque de fil conducteur entre les différentes parties et entre les différentes chroniques. On saute de la place de la philosophie de l'éducation à l'Université à une critique du programme de la formation des maîtres, en passant par des mini-biographies des auteurs préférés de l'auteur, les devoirs et les leçons, l'humour, les techniques d'études et j'en passe.
La première partie, celle qui traite de l'Université et de la philosophie, ne m'a pas rejointe. Je suis d'accord avec l'auteur qui explique en gros que la philosophie devrait prendre plus de place dans la formation des maîtres, mais surtout avec le fait qu'elle devrait être plus pratico-pratique pour que les enseignantes puissent transférer leurs apprentissages à la pratique. Cependant, l'exposition très technique des arguments dans sa forme d'essais philosophiques a vite fait de me rappeler les cours au cégep et de me décourager. J'ai donc survolé cette première partie plus que je ne l'ai lue...
La deuxième partie m'a davantage intéressée, même si, en toute honnêteté, je ne voyais pas du tout son rapport avec le reste du livre, ce qui m'a dérangée plus que de raison. Baillargeon y fait le portrait de quelques penseurs qu'il admire. Einstein et Martin Gardner, passe toujours, mais Condorcet ? Non seulement pour moi, c'est un illustre inconnu, mais je ne vois pas du tout le lien entre cet homme qui critiquait le médecin charlatan Mesmer et l'éducation. C'est beaucoup trop énorme comme décalage pour qu'il n'y ait pas une information importante que j'ai manquée. J'ai sans doute trop survolé...
La dernière partie est, à mon avis d'enseignante, de loin la plus intéressante. Elle est composée de nombreuses courtes chroniques sur divers sujets en lien avec l'éducation. J'ai davantage apprécié ceux qui s'approchent de mon vécu : l'inefficacité des devoirs, l'importance de donner le goût de la lecture, l'échec de la réforme en éducation, la mathophobie... Mais j'ai aussi beaucoup aimé la chronique qui critiquait les cours de morale et leur inefficacité, celle qui classait les techniques d'études en ordre d'efficacité ou encore celle qui traite des légendes pédagogiques.
En bref, si le livre n'avait été que sa troisième partie, cela aurait sans doute été un coup de cœur pour moi... Mais vu les deux autres parties qui m'ont que peu rejointe, mon impression globale est grandement affectée. Ceci étant dit, je ne mets aucunement en doute la qualité du texte ou des arguments de l'auteur. J'ai simplement eu la désagréable impression que ce texte s'adressait davantage à d'autres philosophes qu'à la population générale.
J'ai quand même bien envie de me procurer son Légendes pédagogiques...