Éditions: Boréal, 2006 (2e édition)
Première édition : 2000
606 pages
Quatrième de couverture :
Québec, 1930. Gabrielle est mariée avec Edward depuis bientôt dix ans. Entre la maison de l'île d'Orléans et celle de la Grande-Allée, elle mène une vie bien remplie, entourée de ses cinq enfants.
De toute évidence, il s'agit d'un mariage heureux. Mais cette chose qui devrait être aussi simple fait pourtant froncer bien des sourcils dans l'entourage de Gabrielle. Décidément, le bonheur est suspect en cette époque où notre sainte mère l'Église nous dit que nous ne sommes pas sur terre pour être heureux, mais pour accomplir notre devoir.
Dans le premier volet de cette grande trilogie romanesque, qui a connu un succès sans précédent au Québec, Marie Laberge brosse une large fresque de la société d'avant-guerre. Elle nous fait partager le destin de personnages si vrais qu'ils semblent bondir de la page. Grâce à son art de traduire les mouvements du cœur les plus subtils ou les plus inavouables, elle éclaire de l'intérieur une époque où, sous la gangue des conventions sociales et de la religion, les passions ne brûlaient pas avec moins de force qu'aujourd'hui.
Mon commentaire :
C'est en apprenant que Marie Laberge serait invitée au Salon du livre de Sept-Îles que j'ai finalement décidé de sortir des boules à mites mon exemplaire de la saga Le goût du bonheur. En effet, j'ai la trilogie complète depuis la parution de la deuxième édition chez Boréal en 2006. Pourquoi ai-je tant tardé à le lire, me direz-vous ? Ce sont trois gros livres à l'écriture petite et dense. Pas que cela me fasse peur. Mais je manque de temps et j'ai déjà assez de séries entamées sans avoir besoin d'en commencer une autre.
Au Salon du livre, je n'avais réussi qu'à lire une vingtaine de pages du premier tome, et déjà j'étais séduite. J'ai assisté à l'entrevue avec l'auteure en soirée et j'ai littéralement bu les paroles de Marie Laberge. Cette femme était tellement en contact avec ses personnages qu'elle en parlait comme s'ils étaient vivants. J'ai su dès lors que j'adorerais la saga.
Même si jusqu'à maintenant je n'ai lu que Gabrielle, le premier tome de la saga, je sais d'ores et déjà que je me rendrai sans peine jusqu'au bout. Oui, la mise en page est dense et le rythme ralentit parfois, mais cela ne fait qu'être le reflet de ce qu'est une famille normale. Toute famille a ses moments tragiques, ses moments de bonheur et des moments un peu moins mouvementés.
Les personnages sont aussi vivants et réels autant pour le lecteur que pour son auteur. Ils ont tous un charme qui leur est particulier, de belles qualités et de vilains défauts. Certains sont ouverts et en avance sur leur temps, entre autres Gabrielle, Adélaïde et Paulette, tandis que d'autres obéissent aveuglément aux règles de l'Église qui en ces années, contrôlaient tout, jusqu'aux moments intimes entre deux personnes mariées.
Encore plus que les personnages, je pense que ce qui m'a le plus plu de ce premier tome, c'est la façon de rendre ce que tout Québécois a appris dans les livres d'histoires beaucoup plus palpable. Nous savons tous que la société était contrôlée par l'Église et que la femme n'avait pas son mot à dire, que la société était divisée entre les anglais, le plus souvent riches et les français, le plus souvent pauvres, et que les femmes accouchaient d'un enfant par année et pouvaient à peine les nourrir, mais imaginer ce que cela signifiait pour une famille dans son quotidien est beaucoup plus difficile. Marie Laberge transpose à merveille la réalité des années 30 et 40 au Québec dans son roman.
La fin de Gabrielle est plutôt abrupte. Pour prévenir toute frustration, achetez tout de suite les trois tomes, vous survivrez mieux à l'attente !